
Grâce à un procédé développé à Gosselies, en Wallonie, l’entreprise de production de verre plat AGC réduira ses émissions carbones et utilisera des matières circulaires.
Après six décennies d'utilisation des mêmes méthodes de production de verre plat, AGC, basée à Louvain-la-Neuve, transforme ses processus pour répondre aux objectifs européens de réduction des émissions de CO2. L'entreprise vise à diminuer ses émissions de 30% par an d'ici 2030, soit 1 million de tonnes. Marc Foguenne, vice-président développement durable, confie à l'Écho que "la décarbonation représente un véritable défi technique".
Le changement majeur consiste à remplacer au moins 50% du gaz naturel par l'électricité pour chauffer le verre à 1600 degrés. AGC a installé des électrodes dans des trous de 80 mm percés au fond du bassin de fusion.
Cette innovation réduit non seulement les émissions carbone de 75%, mais favorise également l'économie circulaire. Le projet Volta permet désormais de recycler le "calcin" (débris de vitrage usagé), transformant 30% de pertes internes en 80% de matières premières réutilisées, une pratique auparavant peu courante dans l'industrie du verre plat.
Une prouesse développée en Wallonie
C’est le centre de recherche d’AGC, situé à Gosselies en Wallonie, qui a permis de mettre en place cette nouvelle innovation. Des dizaines de personnes aux profils techniques différents ont commencé les recherches en 2021. Les facteurs comme les coûts de fonctionnement et de consommation ont dû être estimés par jumeaux numériques.
Avec Volta, c’est tout un nouveau procédé qui pourra être mis en place. « C’est un investissement qui est fait, pour obtenir des réponses : peut-on repenser la production de verre en Europe, avec une viabilité économique et technique ? », se demandait Marc Foguenne dans l’Écho. Mais des défis de taille entrent aussi en jeu : estimation des (sur)coûts, incertitude technique ou encore cadre légal en matière de taxation du CO2.
Un partenariat 100 % européen
Sur base du calendrier des opérations, AGC, qui opère déjà une quinzaines de sites en Europe, a décidé de lancer sa toute nouvelle ligne de production de verre à Dubi, en République tchèque. Tous les 20 ans, une maintenance générale a lieu. C’était donc le bon timing pour le site tchèque. Pour contrebalancer le contenu CO2 élevé de l’électricité tchèque, AGC s’est assurée d’avoir suffisamment d’approvisionnement d’énergie verte.
Afin de réaliser ce projet et de limiter les coûts, AGC s’est associée avec son principal concurrent le groupe français Saint-Gobain. Lui et AGC détiennent en effet 50 % de parts de ce marché. Main dans la main, ils vont « développer la technique ensemble, pour réduire le risque des investissements ». Saint-Gobain aura accès à l’usine tchèque pendant les trois ans de la phase de test. « On s’est dit que, vu les enjeux, c’était mieux de réussir à deux que tout seul », a conclu Marc Foguenne dans l’Écho. Un bel exemple de collaboration responsable qui met en avant l’innovation wallonne.
Reprise d'un article écrit par Julie Hanssen (AWEX) sur Wallonia.be